« Agatha Raisin enquête #2: Remède de cheval » de M. C. Beaton

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Quatrième de couverture

Agatha Raisin, s’intégrant peu à peu à son petit village, fait la connaissance de Paul, le vétérinaire, qui ne semble pas insensible à ses charmes. Mais celui-ci est retrouvé mort, victime d’une injection de tranquillisant destiné au cheval de Lord Pendlebury. Agatha ne croit pas à l’accident et prend l’enquête en main. Son nouveau voisin, le colonel Lacey, d’habitude distant, accepte de l’aider.
  • Mon opinion

★★★★☆

___Agatha a encore l’esprit absorbé par son séduisant voisin lorsque Jack Pomfret, un de ses anciens concurrents, lui propose de se relancer dans les affaires. Comprenant que l’élu de son coeur n’est pas vraiment disposé à répondre à ses avances (dans l’immédiat, le colonel Lacey semble au contraire la fuir avec toute l’énergie du désespoir), la retraitée décide de partir quelques jours pour Londres afin d’étudier la proposition de son ancien confrère. Une fois là-bas, Agatha ne tarde pas à déchanter lorsqu’elle découvre que sous-couvert de belles promesses, Jack Pomfrey espère en fait lui soutirer de l’argent. Grâce aux conseils avisés de son ami Bill et à sa clairvoyance, Agatha échappe finalement de peu à une odieuse tentative d’escroquerie. A peine a-t-elle digéré l’affront d’avoir ainsi été menée en bateau, qu’elle retourne s’enterrer dans son cottage à la campagne, avec en prime un nouveau compagnon dans ses bagages…

Dans le même temps, la petite ville de Carsely vient d’accueillir un cabinet vétérinaire dont la salle d’attente ne désemplit pas. Depuis l’ouverture, les habitantes se bousculent pour venir faire examiner leurs compagnons à quatre pattes par le charmant Paul Bladen, un quarantenaire divorcé. Rabrouée par son voisin, Agatha, désormais propriétaire de deux chats, se résout finalement à concentrer ses efforts sur le nouveau vétérinaire. Moins farouche, ce dernier semble d’ailleurs céder au charme de la quinquagénaire. Mais alors qu’elle est sur le point de conclure, Agatha prend les jambes à son cou…

Incroyable ironie du sort, le lendemain de ce tête-à-tête mouvementé, le vétérinaire est retrouvé mort, une seringue de tranquillisant enfoncée en plein coeur. Les premières constatations des enquêteurs concluent rapidement à un accident. Une hypothèse qui ne convainc cependant pas Agatha Raisin. Guettant fébrilement l’aventure qui viendra rompre la monotonie de sa vie à Carsely, elle voit là l’opportunité idéale de mettre un peu de piquant dans sa vie.

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___Après avoir lavé son honneur en démasquant le meurtrier de Mr Cummings-Browne, Agatha reprend du service pour élucider un nouveau mystère. Si cette fois-ci, la jeune retraitée est a priori exempte de tout soupçon, cela n’empêche pas notre excentrique quinquagénaire d’enfiler de nouveau ses habits de Miss Marple. Et c’est en charmante compagnie, épaulée par son séduisant voisin, qu’elle se lance donc dans une nouvelle enquête, sur les traces de l’assassin du vétérinaire de Carsely.

Alors que nos enquêteurs amateurs avancent dans leurs investigations, la thèse de l’accident, pourtant privilégiée par la police, semble bientôt se disloquer. Cette fois encore, la victime semblait être un coureur de jupons invétéré. De fait, les mobiles et les suspects ne manquent pas et tendent même à s’accumuler à mesure que l’enquête progresse. Si dans un premier temps, les deux voisins n’ont cependant pas de preuve tangible pour étayer leur intuition, chacun a ses raisons de vouloir se lancer dans cette enquête officieuse. Souffrant du fameux syndrome de la page blanche, le livre que tente d’écrire James est au point mort. Partir à la recherche de l’hypothétique meurtrier de Paul Bladen est donc le prétexte idéal pour le colonel de se détourner de son travail d’écriture. De son côté, Agatha voit dans cette enquête l’occasion rêvée de se rapprocher de son charmant voisin.

Depuis plusieurs semaines, James semble en effet résolu à fuir par tous les moyens sa voisine un peu trop entreprenante. Il faut dire que manquant cruellement de subtilité, toutes les tentatives de séduction d’Agatha se soldent invariablement par un échec. Pire, James commence à la croire réellement « dérangée ». Étonnamment, Agatha réalise que plus elle se montre désintéressée et distante avec James, plus ce dernier lui témoigne d’attention. Comprenant qu’elle semble tenir là une tactique potentiellement fructueuse, Agatha s’évertue donc, non sans quelques difficultés, à feindre l’indifférence.

Mais au grand désespoir de cette dernière, une nouvelle venue à Carsely, Freda Huntingdon, semble avoir elle aussi jeté son dévolu sur le colonel retraité. Agatha, qui voit rapidement clair dans le jeu de la nouvelle habitante, n’apprécie pas vraiment l’irruption de cette rivale sur son territoire. Il faut dire qu’aussi pugnace et déterminée qu’Agatha, Freda ne ménage pas ses efforts pour mettre le grappin sur James, multipliant les opérations séduction et les tentatives d’approche. Entre les deux voisines, les hostilités sont ouvertes et tous les coups sont permis pour tenter de ravir le coeur du célibataire endurci.

___Deuxième tome de la série « Agatha Raisin enquête », « Remède de cheval » reprend bon nombre des ingrédients à succès du premier opus. Au menu de cette deuxième enquête : un nouveau crime à élucider, des dialogues savoureux et toujours autant d’humour et de situations désopilantes, à l’instar de cette scène d’anthologie dans les toilettes d’un pub ou encore d’une confrontation explosive avec un châtelain irascible (qui prend Agatha pour une militante antichasse !)! Fidèle à elle-même, Agatha se laisse comme toujours davantage guider par son esprit de contradiction que sa conviction. On retrouve avec bonheur la personnalité sans filtre et les répliques exquises de l’excentrique retraitée. Toujours aussi spontanée et maladroite, elle multiplie les gaffes et possède le don de se mettre dans des situations aussi invraisemblables que truculentes !

___L’intrigue policière, bien que moins convaincante que celle de l’opus précédent, n’en reste pas moins plaisante à suivre. De fait, ce deuxième opus s’attarde davantage sur l’évolution des relations entre les différents protagonistes que sur l’enquête elle-même. Au fil des interrogatoires et de l’avancée de leurs investigations, la relation entre Agatha et James prend peu à peu une tournure conjugale. Entre chamailleries et quiproquos, leur duo fait des étincelles pour le plus grand plaisir du lecteur.

___A l’image de l’héroïne qui apprend progressivement à connaître ses voisins, le lecteur fait lui aussi plus ample connaissance avec les habitants de Carsely. On retrouve avec plaisir bon nombre de personnages et de lieux déjà croisés au cours du précédent tome, ainsi que quelques nouveaux venus. Cette deuxième enquête est également l’occasion pour Agatha de commencer à se remettre peu à peu en question. Totalement obnubilée par sa propre personne (et par son voisin), elle réalise bientôt, non sans amertume, que James s’est incontestablement beaucoup mieux intégré qu’elle dans le village… Un premier pas vers ce qui semble annoncer une évolution aussi intéressante à suivre que salutaire. Personnage antipathique pour certains, héroïne désopilants pour les autres, Agatha Raisin est dans tous les cas une personnalité haute en couleurs et pleine de caractère qui ne laisse pas indifférent.

Je remercie encore une fois les éditions Albin Michel pour cet excellent moment de lecture !

« Agatha Raisin enquête #1: La quiche fatale » de M. C. Beaton

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Quatrième de couverture

Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour goûter aux délices d’une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s’ennuyer ferme.
Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l’arbitre de la compétition s’effondre et Agatha doit révéler l’amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur.
Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l’assassin.
  • Mon opinion

★★★★★

___Une pincée de mystère, un soupçon d’originalité et une grosse dose d’humour, voilà en substance les principaux ingrédients de « La quiche fatale », premier roman de la série « Agatha Raisin enquête » initialement débutée en 1992 en Angleterre et enfin traduite en France par les éditions Albin Michel.

___A 53 ans et après avoir dévolu sa vie à sa carrière professionnelle, Agatha est en passe de réaliser un rêve d’enfance : quitter Londres afin de jouir d’une retraite anticipée au coeur d’un ravissant village des Costwolds où elle a fait l’acquisition d’un petit cottage. Dans cette petite bourgade au charme pittoresque, l’excentrique citadine détonne et semble en complet décalage avec le reste des habitants. De fait, après avoir essuyé quelques déconvenues (et débauché au passage la femme de ménage de sa voisine), Agatha réalise que l’intégration s’annonce plus difficile que prévu. Pleine de bonne volonté et gonflée de bonnes intentions, elle décide finalement de participer à un grand concours de quiches afin de chasser le sentiment de solitude qui l’assaille peu à peu.

Pour Agatha, ce concours est l’occasion rêvée de se faire remarquer et d’enfin briser la glace avec le voisinage. Soucieuse de briller lors de la compétition et d’ainsi faire bonne impression, notre experte des relations publiques ne s’embarrasse d’aucun scrupule, allant jusqu’à présenter au concours une quiche achetée auprès de son traiteur favori. Il faut dire à sa décharge que notre citadine londonienne est plus connue pour être la reine du micro-onde que celle des fourneaux.

Une petite tricherie qui aurait pu rester sans conséquence si Mr Cummings-Browne, l’arbitre de la compétition, n’avait pas été retrouvé mort, empoisonné, à son domicile le lendemain du concours. Très vite, tous les soupçons se tournent vers la nouvelle habitante. Il faut dire que les premières preuves semblent s’accumuler contre elle.

Interrogée par la police qui semble résolue à jouer avec ses nerfs, Agatha se trouve dans une situation des plus inconfortables. Si elle veut se disculper, elle sait qu’elle va devoir avouer sa tricherie au risque de se mettre tout le village à dos. Se sentant victime d’une terrible injustice, Agatha entend bien laver son honneur en démasquant le coupable. S’improvisant enquêtrice, elle espère ainsi faire éclater la vérité et gagner ainsi le respect des habitants.

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___On connaît depuis longtemps le talent des Britanniques pour écrire d’hilarantes comédies policières. Leur savoir-faire en la matière n’est plus à démontrer. Ils excellent dans l’art de mettre en scène des personnages truculents et leur inventivité en termes de péripéties et autres situations rocambolesques semble sans limite.

Avec cette série à mi-chemin entre la comédie loufoque et le récit policier, M. C. Beaton fait donc à son tour le choix de s’affranchir des codes traditionnels du roman policier classique pour embrasser le parti-pris de la comédie policière. Un exercice souvent périlleux et qui requiert autant d’audace que de talent pour se révéler pleinement réussi. Le mélange des genres tendant trop souvent à nuire à la qualité de l’intrigue qui perd dès lors inévitablement en efficacité.

___Initialement paru au début des années 90 en Angleterre, Agatha Raisin, n’a rien perdu de son charme et conserve aujourd’hui encore tout le sel a l’origine du succès de la saga (plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde).

Premier titre d’une série qui en compte vingt-sept à ce jour, « La quiche fatale » donne le ton de la saga. Surtout, avec ce premier volet d’une rare maîtrise, M.C. Beaton montre qu’elle a su avec brio éviter tous les écueils propres à l’exercice de la comédie policière. Sans jamais privilégier un registre au détriment de l’autre, l’auteure réussit en effet magistralement à mêler humour et suspense policier.

Après avoir renoncé à son agence de relations publiques (bâtie au prix de longues années de labeur) et troqué sa vie londonienne dans l’espoir de goûter au calme et à une vie de loisirs, Agatha Raisin, se retrouve donc télescopée au coeur d’une paisible petite bourgade anglaise. Dans ce microcosme au charme pittoresque, l’excentrique citadine apparaît totalement inadaptée et ne tarde pas à regretter l’air pollué de Londres qui la faisait se sentir si vivante. Impertinente, maladroite, pétrie de contradictions et ne mâchant pas ses mots, Agatha Raisin est un parangon d’anticonformisme et incarne l’archétype de l’anti-héroïne. Mais c’est justement parce qu’elle multiplie les gaffes et n’a pas sa langue dans sa poche qu’elle nous est aussi attachante. Ses excentricités et son langage fleuri font tout le charme de cette enquêtrice du dimanche aux méthodes d’investigation frisant l’amateurisme. On se régale des péripéties en chaîne de cette Mrs Marple aussi impertinente et exaspérante qu’attachante.

Il faut dire que M. C. Beaton n’y va pas avec le dos de la cuillère et ne lésine pas sur les situations cocasses et les dialogues relevés. Une surenchère d’ironie et de sarcasmes qui ne parvient cependant jamais à doucher l’enthousiasme du lecteur. Usant d’une écriture efficace qui imite celle des sitcoms dont elle reprend ici les procédés, l’auteure parvient à maintenir un rythme enlevé tout au long du récit. De surcroît, on se prend littéralement au jeu de cette enquête riche en surprises et en rebondissements, et menée avec entrain par une héroïne irrésistible et pleine de caractère. Sous ses allures de carte postale, le village de Carsely dissimule bien des secrets : corruption, affaires de moeurs… de nombreux habitants semblent avoir plus d’un cadavre au fond de leurs placards.

___Véritable hommage à Agatha Christie, les aventures d’Agatha Raisin regorgent de références aux romans policiers de la légendaire « reine du crime », Mais le récit recèle aussi de véritables bijoux d’ironie ! Au détour d’un chapitre, M. C. Beaton égratigne ainsi tour à tour avec malice journalistes, touristes, citadins… A travers sa galerie de personnages, elle exacerbe et tourne en dérision les petits travers de la nature humaine.

Avec cette saga pleine de charme et d’originalité, M. C. Beaton se démarque de la production littéraire habituelle, affirmant son propre style et revendiquant une vraie personnalité. Sans jamais perdre de vue les enjeux initiaux de son récit, la romancière construit surtout habilement une intrigue convaincante, portée par une galerie de personnages truculents et hauts en couleurs.

Ce premier tome est aussi l’occasion pour l’auteure d’introduire quelques uns des protagonistes qui constitueront la clé de voûte de la saga. L’univers de la série s’étoffera au fil des aventures, s’enrichissant de nouveaux personnages tandis que certains, récurrents, devraient voir leurs rôles renforcés. On devrait ainsi notamment retrouver le sympathique jeune constable Bill Wong, Doris Simpson, la femme de ménage, Roy Silver, l’ex-assistant, ou encore James Lacey, le séduisant nouveau voisin.

Une lecture revigorante et savoureuse, à déguster sans modération ! Pour ma part, j’ai déjà entamé le prochain tome de la série dont j’attends la suite de la traduction avec grande impatience !

Je remercie infiniment les éditions Albin Michel pour cette formidable découverte !

  • Extraits

« Une guerre faisait rage quelque part, comme d’habitude, et recevait le même traitement journalistique que d’habitude ; autrement dit, le présentateur et le reporter faisaient un brin de causette. « John, vous m’entendez ? Comment la situation a-t-elle évolué ? – Eh bien, Peter… » Quand ils passèrent enfin la parole à l’inévitable « expert », Agatha en était arrivée à se demander pourquoi diable les médias se donnaient la peine d’envoyer quelqu’un sur place. Tout recommençait comme pendant la guerre du Golfe, où la plupart des images qu’on avait pu voir montraient un reporter planté devant un palmier à côté d’un quelconque hôtel du Riyad. Que de dépenses inutiles ! L’envoyé spécial n’avait jamais grand-chose à apporter, et ce serait revenu bien moins cher de le filmer devant un palmier dans un studio londonien. » (p.23)

« Le mystère Blackthorn » de Kevin Sands

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Quatrième de couverture

Londres, 1665. Christopher Rowe, orphelin de 14 ans, a été recueilli par l’apothicaire Benedict Blackthorn, qui lui enseigne les secrets de ses potions et remèdes. Mais une série de meurtres endeuille la ville : les victimes sont toutes des apothicaires amis de Blackthorn. Le responsable en serait la secte de l’Archange, organisation occulte prête à tout pour s’emparer du pouvoir.
  • Mon opinion

★★★★☆

___Londres, 1665. Apothicaire réputé et respecté, Benedict Blackthorn a pris sous son aile le jeune Christopher Rowe, un orphelin de 14 ans. Depuis trois ans, le jeune garçon suit un apprentissage intensif afin d’élargir ses connaissances et de parfaire son savoir. Outre les cours quotidiens, Benedict lui transmet sa passion de la lecture, mettant à la disposition de l’adolescent de nombreux ouvrages sur tous les sujets susceptibles de stimuler l’esprit et l’imagination. Entre le maître et le jeune élève, s’est progressivement établie une véritable relation filiale.

A une époque où les frontières entre médecine, pharmacie, alchimie et sorcellerie sont encore très floues, la limite entre apothicairerie, charlatanisme et sciences occultes n’a jamais été aussi mince. Aussi bienveillant qu’exigeant, Blackthorn n’a de cesse de tester son jeune élève, mettant à l’épreuve aussi bien ses connaissances que son sens moral et son intégrité. Dans son officine, il l’initie chaque jour à l’art des potions, lui livre les fantastiques pouvoirs des plantes et les secrets de fabrication de précieux remèdes.

Mais alors qu’une série de crimes atroces vient secouer la ville et que l’étau se resserre autour de l’officine Blackthorn, notre jeune apprenti se retrouve malgré lui entraîné dans une enquête aussi ténébreuse que dangereuse. Lancé sur les traces du – ou des – instigateurs à l’origine d’une série de crimes visant les apothicaires de la ville, Christopher devra redoubler de sang-froid et mettre en application les précieux enseignements de son maître s’il veut résoudre cette énigme.

___Avec ce premier roman, Kevin Sands pose les bases d’un univers foisonnant et signe une intrigue remarquablement maîtrisée et méticuleusement orchestrée. Mais parce qu’il serait dommage de déflorer cette intrigue aussi captivante que riche en rebondissements, je ne dévoilerai rien de plus que ce que laisse sourdre la quatrième de couverture quant aux évènements auxquels notre jeune héros va se trouver confronté.

Kevin Sands, scientifique de formation (il a fait des études de physique/chimie), a clairement mis ses connaissances au service de cette intrigue haletante qui mêle avec brio aventure et Histoire. Fort de sa passion pour les sciences et les mystères, il déroule une intrigue parfaitement huilée et propulse avec une remarquable efficacité le lecteur au coeur du XVIIe siècle. Dans cet univers hostile, le jeune lecteur n’a d’autres choix que de rester en permanence sur ses gardes. Entre conspirations, langages codés, décryptage de codes secrets,… le romancier fait en permanence travailler l’esprit du lecteur, prenant un malin plaisir à multiplier les énigmes et à brouiller les pistes.

La large typographie et la mise en page aéré séduiront à coup sûr les jeunes lecteurs, alors que les plus âgés seront agréablement surpris par la noirceur de certains rebondissements et des développements inattendus imaginés par l’auteur. Quoique s’adressant à un lectorat jeunesse, Kevin Sands ne ménage en effet ni ses lecteurs ni ses personnages dans cette intrigue décidément sans concession. Soucieux d’un certain réalisme, l’auteur a en effet fait le choix d’une tonalité au diapason de l’époque où se situe l’action de son récit. De fait, le romancier n’épargne pas ses personnages donnant parfois lieu à des scènes d’une noirceur inattendue pour un récit jeunesse.

___Sous-couvert du simple récit de divertissement, « Le mystère de Blackthorn » soulève également des enjeux plus profonds, engageant notamment une quasi réflexion éthique sur l’utilisation des découvertes scientifiques. Objet de rivalité et de convoitise, la quête de la Prima Materia se trouve ici à l’origine des machinations les plus sombres. A travers cette recherche effrénée, l’auteur met ainsi en garde sur la soif du pouvoir et sur les conséquences qui peuvent résulter de l’exploitation de nouvelles connaissances laissées entre les mains d’esprits mal intentionnés ou nourrissant de funestes desseins. C’est aussi l’occasion pour le jeune lecteur de découvrir les modalités de formation au métier d’apothicaire et le quotidien harassant des apprentis à cette époque. Les journées sont longues et les tâches à accomplir souvent ingrates voire dangereuses.

___Pour cette première incursion dans la littérature jeunesse, Kevin Sands a assurément su trouver le juste dosage entre suspense, action et humour. En filigrane de cette intrigue fleurant bon le mystère et l’aventure, on retrouve aussi réunis tous les thèmes de prédilection de la littérature jeunesse : amitié, loyauté, solidarité,… autant de sujets tour à tour évoqués et valorisés au décours de cette histoire menée tambour battant et qui emporte le lecteur dans le cercle secret des apothicaires. Un monde mystérieux, à la fois à part et captivant.

Réunissant tous les ingrédients d’un bon roman jeunesse, « Le mystère de Blackthorn » est un savant cocktail aussi explosif qu’efficace. Riche d’un univers fouillé et porté par des personnages bien campés, ce premier tome pose les bases d’une série aussi inventive que prometteuse. De fait, rien d’étonnant à ce qu’Eoin Colfer apparaisse en quatrième de couverture tant le parallèle entre les univers de ces deux auteurs et leur approche de la littérature jeunesse sonnent comme une évidence.

Tout au long du récit, Kevin Sands prend soin de consolider les fondations de l’univers qu’il a soigneusement bâti et distille habilement de nombreux indices laissant augurer un futur volet. De surcroit, en choisissant de situer son récit au coeur de la ville Londres en l’an 1665, le romancier fournit à son intrigue un contexte historique de premier choix. Epidémie de peste, grand incendie de Londres,… l’Histoire en marche réserve autant d’évènements propices et de pistes à exploiter en vue de futures aventures… qui s’annoncent déjà comme palpitantes !

Je remercie Babelio et les éditions Bayard jeunesse pour cette lecture ! 🙂

« Les ombres de Kerohan » de N. M. Zimmermann

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Quatrième de couverture

À douze ans, Viola a déjà traversé bien des épreuves. Lorsqu’elle est envoyée chez son oncle en Bretagne, avec son frère Sebastian, on lui dit que l’air marin lui fera du bien. Il paraît que son oncle est très riche, qu’il habite un manoir, à Kerohan, et que l’on peut s’y reposer. Se reposer, vraiment ? Certes, le parc est immense, et Viola et Sebastian ont chacun une chambre, mais il n’y a pas grand monde pour prendre soin d’eux.

Et qu’est devenue la prétendue fortune de leur oncle ? Le manoir est bien vide et, à Kerohan, Viola et son frère sont des proies faciles pour l’ennui et la solitude. Encore que… Peut-on parler de solitude quand d’étranges silhouettes parcourent les couloirs à la nuit tombée ? Quand Sebastian prétend avoir vu un korrigan ? Quand la salle de musique déserte résonne de la musique d’un piano ? Et que veille sur eux tous l’inquiétant docteur Vesper…

  • Mon opinion

★★★★☆

___Suite au décès de leur mère et au départ de leur père pour Londres, Viola et son jeune frère Sebastian se retrouvent contraints d’aller temporairement vivre en Bretagne auprès de leur oncle, Monsieur Kreven. Au terme d’un long voyage, les deux enfants sont accueillis à la gare par le mystérieux Dr Vesper, dépêché par leur oncle pour les conduire au manoir.

Dans cette vaste demeure, Viola et son frère sont rapidement saisis par le silence pesant et l’atmosphère sépulcrale qui baignent le lieu. En dehors de Madame Lebrun, les domestiques semblent tous avoir déserté les lieux. Et nulle trace non plus de leur tante ni de leur cousine, Ismérie: leur « santé fragile » contraignant ces dernières à rester alitées la majeure partie du temps.

Dès la première nuit, les angoisses des deux enfants augmentent d’un cran. Leur sommeil est en effet rapidement perturbé par la survenue de plusieurs évènements étranges qui ne tardent pas à se multiplier à mesure que les jours passent. Quels secrets peuvent donc bien dissimuler les murs de la vieille bâtisse et ses habitants, tous plus inquiétants et étranges les uns que les autres ?

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Le roman gothique anglais est aujourd’hui encore une source d’inspiration féconde pour de nombreux auteurs, y compris pour ceux qui s’inscrivent dans le registre de la littérature jeunesse. Avec son dernier roman, N. M. Zimmermann livre à ses lecteurs une décoction qui évoque des relents des plus grands classiques de la littérature anglaise du genre. Une jolie réussite !

___Après la série Alice Crane, Sous l’eau qui dort, Dream Box (entre autres), c’est dans la Bretagne du XIXème siècle, que N. M. Zimmerman plante le décor de son nouveau roman. Dans « Les ombres de Kerohan », l’auteure joue habilement avec les codes du roman gothique ici repris au service d’un récit qui, bien que destiné à un jeune public, saura également séduire les lecteurs plus âgés. Difficile en effet de ne pas se laisser happer par l’atmosphère délicieusement ensorcelante et les ambiances crépusculaires de ce récit qui mêle avec brio atmosphère gothique et éléments du folklore breton.

___Le décès de la mère des deux enfants à la suite d’une longue maladie sert ici de point de départ à une aventure entraînante où le mystère flirte en permanence avec le fantastique. Il faut dire que N. M. Zimmerman joue habilement avec les nerfs du lecteur qui, longtemps, évolue à tâtons au coeur d’une intrigue mystérieuse qui semble à tout moment sur le point de basculer vers le fantastique. Page après page, la frontière entre monde réel et surnaturel se brouille et notre bon sens se trouve bientôt mis à rude épreuve.

___Dans cet univers brumeux et inquiétant, Viola, adolescente perspicace et pleine de ressources, s’attire très vite la sympathie du lecteur qui décèle en elle une alliée à la fois précieuse et rassurante. La jeune fille dont les doutes et les questionnements font directement échos à ceux du lecteur incarne en effet pour lui un point de repère essentiel dans cette histoire qui le charrie en permanence entre réel et fantastique,

___A un âge charnière entre enfance et monde des adultes, Viola, du haut de ses douze ans, est aussi une jeune fille tiraillée entre son rôle d’aînée et ses angoisses d’enfant. Veiller sur son frère, prendre les bonnes décisions et se montrer responsable se révèle cependant un fardeau bien lourd pour de si frêles épaules ! Cet antagonisme se retrouve d’ailleurs parfaitement illustré à travers la façon dont chacun des deux enfants appréhende les évènements auxquels ils se trouvent confrontés. Ainsi, alors que son petit frère ne semble pas douter (ni s’étonner) un instant du caractère surnaturel des évènements se déroulant à Kerohan, Viola – telle une adulte – s’efforce quant à elle de trouver une explication rationnelle aux phénomènes étranges qui se succèdent.

___Mais à mesure que les évènements inexplicables se succèdent, le doute s’immisce dans l’esprit de Viola et du lecteur. Ces phénomènes troublants ont-ils une explication rationnelle ? Viola et son frère, dévorés par le chagrin et bouleversés par ce « déménagement » forcé, ne sont-ils pas simplement victimes de leur imagination fertile, nourrie par le souvenir des histoires que leur racontait leur mère et le folklore local qui pare le lieu d’une aura chargée de magie ? A l’instar du « Tour d’écrou » d’Henry James, le récit de N. M. Zimmermann semble ainsi pouvoir s’appréhender au travers de deux voies : un angle fantastique d’abord (une histoire de fantômes) ou un angle « psychologique » et interprétatif. Selon cette dernière grille de lecture, les évènements décrits pourraient ainsi s’interpréter comme la simple résultante de la folie du narrateur (pouvant s’expliquer ici comme la conséquence du profond chagrin des enfants… combiné aux effets du vin chaud que leur administre assidument Madame Lebrun chaque soir !). Une théorie d’autant plus plausible que longtemps, l’auteure distille les indices pouvant l’accréditer. De fait, on est bientôt tenté de mettre en doute l’authenticité des phénomènes observés par les deux enfants, et l’on s’interroge sur leurs interprétations.

___Au-delà de la réussite esthétique (efficacité des atmosphères mises en place, maîtrise impeccable du rythme), le récit vaut surtout pour le formidable message qu’il sous-tend. Car sous couvert d’une intrigue accrocheuse et délicieusement angoissante, N. M. Zimmerman propose en effet une véritable réflexion sur le délicat travail de deuil qui suit la perte d’un être cher. Mettant en perspective les trajectoires de ses personnages, l’auteure place aussi au coeur de son roman la question de la résilience et de la reconstruction de l’individu après un drame. Surmonter sa douleur, réussir à aller de l’avant en dépit des épreuves qui jalonnent nos vies, ne pas se laisser dévorer par le passé et le chagrin… tels sont quelques-uns des messages clés sous-tendus par ce récit aux multiples grilles de lecture et qui cultive de bout en bout avec brio l’art de l’ambiguïté.

Manoir isolé, portes qui claquent, personnages inquiétants,… avec « Les ombres de Kerohan », N. M. Zimmerman reprend tous les ingrédients du roman gothique pour en livrer une variation aussi plaisante que réussie. Véritable hommage au genre, ce pastiche respectueux multiplie les références et assume pleinement ses influences. Certes, l’intrigue, délibérément orientée jeunesse, n’atteint évidemment ni la complexité ni la noirceur des classiques du genre dont elle s’inspire. Pour autant, on ne saurait tenir rigueur à l’auteure de ce détail, tant le message sous-jacent le récit se révèle au final aussi percutant qu’habilement amené.

Si à première vue, le dénouement semble donner au lecteur, sinon toutes, au moins une grande partie des clés du mystère, le récit se clôture néanmoins de manière suffisamment ouverte pour laisser au lecteur une confortable marge d’interprétation. De fait, libre à ce dernier de croire sur parole ou non à l’authenticité de ce récit qui, à l’instar des classiques du genre, cultive de bout en bout l’art de l’ambiguïté.

Je remercie une fois encore les éditions L’Ecole des Loisirs pour cette belle lecture!

« Le jardin de minuit » de Edith

Quatrième de couverture

Été. Angleterre, XXe siècle. Tom Long est contraint de passer ses vacances chez son oncle et sa tante, car son frère a la rougeole. Ils habitent un appartement, situé dans un immeuble sur cour. L’ennui s’installe… Quand soudain, une nuit, un événement étrange se produit : l’horloge du hall sonne treize coups ! La cour a laissé place à un immense jardin… Tom s’y risque, il y devient invisible sauf aux yeux d’une petite fille de son âge, Hatty, vêtue d’une tenue du siècle dernier. Elle semble vivre dans un temps qui n’obéit pas aux lois chronologiques… Quel mystère se dissimule derrière ce bouleversement temporel ?
  • Mon résumé

_Après que son petit frère ait attrapé la rougeole, Tom se voit imposer une mise en quarantaine afin d’écarter tout risque de contagion. C’est donc à contre-coeur que le jeune garçon pose ses valises le temps d’un été dans la maison de son oncle et sa tante. Ici, les fenêtres bardées de barreaux donnent à sa chambre des allures de cellule de prison, renforçant un peu plus encore son sentiment de malaise. Dans ce décor étriqué et morose, son imagination se cogne aux murs de sa chambre et son horizon se limite au béton de la petite cour grise et sinistre du bâtiment.

___Le petit garçon ne se doute alors pas que cet exil forcé va portant bientôt se transformer en une aventure extraordinaire, qui va le tirer de son ennui et le marquer à jamais. Alors qu’il écoute les heures lentement s’égrener, Tom décèle une anomalie dans le fonctionnement de l’horloge de la maison. La pendule, qui semble comme ensorcelée, sonne chaque nuit treize coups, faisant dans un même temps apparaître derrière la porte du fond un magnifique jardin qui disparaît aussitôt le jour venu. Un étrange phénomène qui se répète tous les soirs, propulsant ainsi chaque nuit le jeune garçon dans cet univers étonnant surgissant de nulle part comme par enchantement. La beauté enchanteresse de ces grands espaces de verdure exerce un incroyable pouvoir d’attraction sur le garçon qui ne dispose cependant chaque nuit que d’un cours intervalle de temps pour explorer le jardin. Irrésistiblement attiré par ce jardin aux couleurs chatoyantes et le sentiment de liberté que lui procurent ces escapades sauvages au coeur de la nature, le garçon guette la tombée du jour, impatient de réitérer cette singulière expérience.

___Au cours de ses incursions dans cette bulle hors du temps, le garçonnet fait la connaissance d’une jeune fille nommée Hatty. Chose étrange, au milieu de cet écrin de verdure où Tom semble être invisible aux yeux de tous les gens qu’il croise, la fillette est la seule personne capable à le voir et à lui parler. Entre les deux enfants né bientôt une belle histoire d’amitié.

___Mais alors qu’il ne s’écoule qu’une poignée d’heures entre les visites successives de Tom, ce sont des mois voire des années dans la vie de Hatty qui défilent. De voyage en voyage, le garçon voit ainsi son amie grandir et se transformer peu à peu en une véritable jeune femme.

___Troublé par cet étrange phénomène et devant la fin imminente de son séjour chez son oncle et sa tante, Tom est bien décidé de percer le mystère de cet écrin de verdure…

  • Mon opinion

★★★★★

___Avec « Le jardin de minuit », Edith Grattery se plie pour la première fois à l’exercice de l’adaptation en solo et signe une fable originale et de toute beauté sur le thème de l’amitié et du temps qui passe.

___Philippa Pearce compte parmi les auteurs jeunesse les plus respectés en Grande-Bretagne. Parmi ses thèmes de prédilection, celui récurrent de l’enfance imprègne une grande part de son oeuvre. Relativement méconnu en France, « Tom et le jardin de minuit », écrit dans les années 50, est pourtant considéré outre-Manche comme un classique de la littérature enfantine. S’appuyant sur la trame narrative du roman, Edith se réapproprie ce classique de la littérature anglaise qu’elle met en images avec le plus grand talent.

___L’auteure a expliqué avoir épuré certaines références religieuses de la version d’origine et adapté les dialogues afin de dépoussiérer la trame du récit. Quel que soit le degré de fidélité de la BD à l’oeuvre d’origine, on ne peut que succomber au charme onirique de cet univers un brin suranné et à la magie de cette histoire illustrée avec sensibilité et poésie.

___Pour ces décors, l’illustratrice a puisé son inspiration dans ses ballades, au coeur de magnifiques jardins anglais ainsi qu’à partir des photos de la maison d’enfance de Philippa Pearce, l’auteure du roman d’origine.

___Dans ce récit qui oscille entre réalité et fantastique, le lecteur perd peu à peu lui aussi toute emprise sur le tissu du temps. Tel un funambule, il traverse cette histoire suspendu sur le fil fragile tendu entre deux époques, tenu en haleine par la crainte de voir à tout instant le lien se briser, scellant ainsi la fin irrévocable de cette expérience aussi improbable que féérique et d’une amitié qui défie les lois du temps.

___Avec ce récit aussi dépaysant qu’enchanteur, Edith nous livre une réflexion poétique sur l’inexorable fuite du temps ainsi que sur le pouvoir des souvenirs capables de lui résister et de lui survivre. C’est également une belle ôde à l’enfance, à l’amitié, à l’imaginaire et à la nature.

___Coutumière des ambiances victoriennes qu’elle sait retranscrire avec une remarquable maîtrise (elle a notamment collaboré à la série « Basil & Victoria », à « La Chambre de Lautréamont » ou encore « Les Hauts de Hurlevent »), Edith démontre une fois encore son habileté à distiller des atmosphères inquiétantes et mystérieuses. Elle traduit avec délicatesse l’improbable de cette expérience, et sa dimension féérique. Dans cette bulle qui s’affranchit des lois du temps, elle cristallise toutes les joies de l’enfance, et nous fait renouer avec cette période d’insouciance.

___Avec son dessin soigné et stylisé, Edith donne corps à cette histoire pleine de fantaisie, qui fait la part belle à l’imaginaire et nous immerge instantanément au coeur de ce jardin baigné de lumière comme en plein jour. Accordant un grand soin aux ambiances et aux décors, la dessinatrice stimule puissamment notre imaginaire et met tous nos sens en éveil. Herbe tendre, panorama féérique et explosion de couleurs se mêlent harmonieusement dans une ambiance surannée exquise. On rêverait de se fondre dans ce décor végétal à couper le souffle, où l’on sent presque les bouquets de parfums qui embaument l’air.

___D’une précision métronomique, le rythme du découpage bat harmonieusement le va-et-vient entre les époques. A l’instar du jeune héros, le lecteur est curieux de percer le mystère qui se cache derrière ces phénomènes étranges. Les questions fusent et se bousculent dans sa tête… avant de se laisser finalement emporter par cette histoire originale et envoûtante où le balancier du temps semble avoir perdu la boussole.

___Bien que ne disposant pas du recul nécessaire pour évaluer la qualité de l’adaptation d’Edith au regard de l’oeuvre dont elle s’inspire, j’ai été littéralement enchantée par le rendu visuel et l’atmosphère saisissante de cette bande dessinée. Véritable invitation au rêve, porté par une narration aussi limpide que parfaitement maîtrisée, Edith signe une oeuvre sensible et lumineuse doublée d’un hommage remarquable au roman de Philippa Pearce. Un album somptueux, aux accents de récit d’apprentissage, qui trouvera assurément un écho, aussi bien chez les adultes que parmi les plus jeunes lecteurs.

Je remercie chaleureusement les éditions Soleil pour cette très belle découverte!

  • Extrait

Extrait du « Jardin de Minuit » de Edith (Editions Soleil, 2015)