• Quatrième de couverture •
Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour goûter aux délices d’une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s’ennuyer ferme. Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l’arbitre de la compétition s’effondre et Agatha doit révéler l’amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur. Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l’assassin. |
- Mon opinion •
★★★★★
___Une pincée de mystère, un soupçon d’originalité et une grosse dose d’humour, voilà en substance les principaux ingrédients de « La quiche fatale », premier roman de la série « Agatha Raisin enquête » initialement débutée en 1992 en Angleterre et enfin traduite en France par les éditions Albin Michel.
___A 53 ans et après avoir dévolu sa vie à sa carrière professionnelle, Agatha est en passe de réaliser un rêve d’enfance : quitter Londres afin de jouir d’une retraite anticipée au coeur d’un ravissant village des Costwolds où elle a fait l’acquisition d’un petit cottage. Dans cette petite bourgade au charme pittoresque, l’excentrique citadine détonne et semble en complet décalage avec le reste des habitants. De fait, après avoir essuyé quelques déconvenues (et débauché au passage la femme de ménage de sa voisine), Agatha réalise que l’intégration s’annonce plus difficile que prévu. Pleine de bonne volonté et gonflée de bonnes intentions, elle décide finalement de participer à un grand concours de quiches afin de chasser le sentiment de solitude qui l’assaille peu à peu.
Pour Agatha, ce concours est l’occasion rêvée de se faire remarquer et d’enfin briser la glace avec le voisinage. Soucieuse de briller lors de la compétition et d’ainsi faire bonne impression, notre experte des relations publiques ne s’embarrasse d’aucun scrupule, allant jusqu’à présenter au concours une quiche achetée auprès de son traiteur favori. Il faut dire à sa décharge que notre citadine londonienne est plus connue pour être la reine du micro-onde que celle des fourneaux.
Une petite tricherie qui aurait pu rester sans conséquence si Mr Cummings-Browne, l’arbitre de la compétition, n’avait pas été retrouvé mort, empoisonné, à son domicile le lendemain du concours. Très vite, tous les soupçons se tournent vers la nouvelle habitante. Il faut dire que les premières preuves semblent s’accumuler contre elle.
Interrogée par la police qui semble résolue à jouer avec ses nerfs, Agatha se trouve dans une situation des plus inconfortables. Si elle veut se disculper, elle sait qu’elle va devoir avouer sa tricherie au risque de se mettre tout le village à dos. Se sentant victime d’une terrible injustice, Agatha entend bien laver son honneur en démasquant le coupable. S’improvisant enquêtrice, elle espère ainsi faire éclater la vérité et gagner ainsi le respect des habitants.
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___On connaît depuis longtemps le talent des Britanniques pour écrire d’hilarantes comédies policières. Leur savoir-faire en la matière n’est plus à démontrer. Ils excellent dans l’art de mettre en scène des personnages truculents et leur inventivité en termes de péripéties et autres situations rocambolesques semble sans limite.
Avec cette série à mi-chemin entre la comédie loufoque et le récit policier, M. C. Beaton fait donc à son tour le choix de s’affranchir des codes traditionnels du roman policier classique pour embrasser le parti-pris de la comédie policière. Un exercice souvent périlleux et qui requiert autant d’audace que de talent pour se révéler pleinement réussi. Le mélange des genres tendant trop souvent à nuire à la qualité de l’intrigue qui perd dès lors inévitablement en efficacité.
___Initialement paru au début des années 90 en Angleterre, Agatha Raisin, n’a rien perdu de son charme et conserve aujourd’hui encore tout le sel a l’origine du succès de la saga (plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde).
Premier titre d’une série qui en compte vingt-sept à ce jour, « La quiche fatale » donne le ton de la saga. Surtout, avec ce premier volet d’une rare maîtrise, M.C. Beaton montre qu’elle a su avec brio éviter tous les écueils propres à l’exercice de la comédie policière. Sans jamais privilégier un registre au détriment de l’autre, l’auteure réussit en effet magistralement à mêler humour et suspense policier.
Après avoir renoncé à son agence de relations publiques (bâtie au prix de longues années de labeur) et troqué sa vie londonienne dans l’espoir de goûter au calme et à une vie de loisirs, Agatha Raisin, se retrouve donc télescopée au coeur d’une paisible petite bourgade anglaise. Dans ce microcosme au charme pittoresque, l’excentrique citadine apparaît totalement inadaptée et ne tarde pas à regretter l’air pollué de Londres qui la faisait se sentir si vivante. Impertinente, maladroite, pétrie de contradictions et ne mâchant pas ses mots, Agatha Raisin est un parangon d’anticonformisme et incarne l’archétype de l’anti-héroïne. Mais c’est justement parce qu’elle multiplie les gaffes et n’a pas sa langue dans sa poche qu’elle nous est aussi attachante. Ses excentricités et son langage fleuri font tout le charme de cette enquêtrice du dimanche aux méthodes d’investigation frisant l’amateurisme. On se régale des péripéties en chaîne de cette Mrs Marple aussi impertinente et exaspérante qu’attachante.
Il faut dire que M. C. Beaton n’y va pas avec le dos de la cuillère et ne lésine pas sur les situations cocasses et les dialogues relevés. Une surenchère d’ironie et de sarcasmes qui ne parvient cependant jamais à doucher l’enthousiasme du lecteur. Usant d’une écriture efficace qui imite celle des sitcoms dont elle reprend ici les procédés, l’auteure parvient à maintenir un rythme enlevé tout au long du récit. De surcroît, on se prend littéralement au jeu de cette enquête riche en surprises et en rebondissements, et menée avec entrain par une héroïne irrésistible et pleine de caractère. Sous ses allures de carte postale, le village de Carsely dissimule bien des secrets : corruption, affaires de moeurs… de nombreux habitants semblent avoir plus d’un cadavre au fond de leurs placards.
___Véritable hommage à Agatha Christie, les aventures d’Agatha Raisin regorgent de références aux romans policiers de la légendaire « reine du crime », Mais le récit recèle aussi de véritables bijoux d’ironie ! Au détour d’un chapitre, M. C. Beaton égratigne ainsi tour à tour avec malice journalistes, touristes, citadins… A travers sa galerie de personnages, elle exacerbe et tourne en dérision les petits travers de la nature humaine.
Avec cette saga pleine de charme et d’originalité, M. C. Beaton se démarque de la production littéraire habituelle, affirmant son propre style et revendiquant une vraie personnalité. Sans jamais perdre de vue les enjeux initiaux de son récit, la romancière construit surtout habilement une intrigue convaincante, portée par une galerie de personnages truculents et hauts en couleurs.
Ce premier tome est aussi l’occasion pour l’auteure d’introduire quelques uns des protagonistes qui constitueront la clé de voûte de la saga. L’univers de la série s’étoffera au fil des aventures, s’enrichissant de nouveaux personnages tandis que certains, récurrents, devraient voir leurs rôles renforcés. On devrait ainsi notamment retrouver le sympathique jeune constable Bill Wong, Doris Simpson, la femme de ménage, Roy Silver, l’ex-assistant, ou encore James Lacey, le séduisant nouveau voisin.
Une lecture revigorante et savoureuse, à déguster sans modération ! Pour ma part, j’ai déjà entamé le prochain tome de la série dont j’attends la suite de la traduction avec grande impatience !
Je remercie infiniment les éditions Albin Michel pour cette formidable découverte !
- Extraits •
« Une guerre faisait rage quelque part, comme d’habitude, et recevait le même traitement journalistique que d’habitude ; autrement dit, le présentateur et le reporter faisaient un brin de causette. « John, vous m’entendez ? Comment la situation a-t-elle évolué ? – Eh bien, Peter… » Quand ils passèrent enfin la parole à l’inévitable « expert », Agatha en était arrivée à se demander pourquoi diable les médias se donnaient la peine d’envoyer quelqu’un sur place. Tout recommençait comme pendant la guerre du Golfe, où la plupart des images qu’on avait pu voir montraient un reporter planté devant un palmier à côté d’un quelconque hôtel du Riyad. Que de dépenses inutiles ! L’envoyé spécial n’avait jamais grand-chose à apporter, et ce serait revenu bien moins cher de le filmer devant un palmier dans un studio londonien. » (p.23)